لوموند تتحدث عن منع توزيع عدد الثلاثاء في المغرب بسبب افتتاحية حول الملك وفضيحة غالفان والحكومة تنفي

صورة للافتتاحية

أوردت وكالة فرانس برس أن جريدة لوموند الفرنسية لم يتم توزيعها اليوم الثلاثاء في الأكشاك المغربية وعزت ذلك الى الافتتاحية التي خصصتها الجريدة لموضوع  العفو الملكي على البيدوفيلي دنييل غالفان، بينما تنفي وزارة الاتصال المغربية أن يكون قد حدث منع.

والافتتاحية هي بعنوان “الخطوة الخطيرة والخاطئة لملك المغرب”، حيث عالجت التطورات التي تعيشها البلاد في أعقاب انفجار فضيحة غالفان التي تورط فيها الملك بعدما عفى عن هذا المجرم. واعتبرت تراجعه عن العفو تحت ضغط الشارع هو سابقة تاريخية.

وترى الافتاحية أن الملك محمد السادس الذي نجح في تجاز الربيع العربي من خلال الدستور، يجد الآن نفسه في مواجهة امتحان صعب وهو الذي بنى لنفسه صورة ملك الفقراء وحامي الوطن وأمير المؤمنين. وتبرز أنه لأول مرة هناك غضب لجميع الطبقات التي لا تتردد في تحميل الملك المسؤولية.

وفي تصريح للجريدة الرقمية لكم، نفى وزير الاتصال المغربي مصطفى الخلفي أن يكون قد منع الجريدة من التوزيع ونسب ذلك الى خلل لشركة التوزيع. لكن إدارة لوموند تتساءل حول هذا التأخر الذي تزامن مع عدد يتحدث عن الملك.

نص الافتتاحية باللغة الفرنسية

Le dangereux faux pas du roi du Maroc

Il va falloir beaucoup d’habileté à Mohammed VI pour se sortir du mauvais pas dans lequel il s’est lui-même placé. A la fin du mois de juillet, le roi du Maroc a accordé une grâce royale à 48 prisonniers espagnols à la suite d’une visite de Juan Carlos. Parmi eux figurait Daniel Galvan, condamné en 2011 à trente ans de prison pour des viols sur onze mineurs. Dans un pays où la pédophilie, qui est principalement le fait d’étrangers, est hélas ! importante, la grâce royale a fait l’effet d’une bombe. Devant l’indignation suscitée par ce geste, qui s’est vite répandue, Mohammed VI a dû reculer. Dimanche 4 août dans la soirée, le roi décidait d’annuler sa grâce.

Pour un souverain, au pouvoir depuis 1999, qui a cultivé son image de roi des pauvres et de protecteur de la nation, le coup est rude. Présentée comme une décision ” à caractère exceptionnel “, l’annulation de cette grâce est totalement inédite. La fronde de la société à laquelle elle a donné lieu est, elle aussi, inédite. Les manifestations qui se sont déroulées dans plusieurs villes du pays, et qui ont été durement réprimées par la police, au point de faire couler le sang, ont rassemblé toutes les classes sociales. Les réseaux sociaux et la presse électronique ont alimenté cette contestation. Et pour la première fois, Mohammed VI, qui est toujours le ” commandeur des croyants “, a été personnellement mis en cause.

En 2011, confronté aux premiers signes d’une révolte lancée par les jeunes du Mouvement du 20-Février, rejoints notamment par les islamistes d’Al Adl Wal Ishane (” Justice et spiritualité “), qui ne reconnaissent pas le roi comme commandeur des croyants, Mohammed VI avait habilement joué. Pour éviter que son pays entre dans la ronde des ” printemps arabes “, il avait devancé la pression de l’opinion en annonçant une réforme de la Constitution et des élections anticipées.

Dans cette nouvelle Loi fondamentale, adoptée massivement par référendum le 1er juillet 2011, le roi reste la première autorité religieuse. Sa personne demeure ” inviolable “, mais au concept de sacralité est substitué celui du respect dû à sa personne. La réforme a tempéré le caractère absolu de la monarchie. Le roi ne peut plus nommer à sa guise le chef du gouvernement mais doit désigner un premier ministre issu du parti arrivé en première position aux élections.

A défaut d’avoir pu empêcher la victoire des islamistes, modérés, du Parti de la justice et du développement (PJD) aux élections du 27 novembre 2011, le roi est donc confronté à une cohabitation inédite qui, sous des allures civilisées, n’est pas dénuée de tensions. Mohammed VI a conservé l’essentiel de ses pouvoirs politiques, religieux, sécuritaires et judiciaires. Et le gouvernement a pris soin de se tenir soigneusement à l’écart de cette affaire de grâce royale, laissant ainsi le roi s’exposer seul face à la colère de l’opinion.

Le fait que le souverain ait paru céder à une puissance étrangère – l’Espagne – en accordant sa grâce a été un facteur aggravant. Comme en 2011, Mohammed VI a fini par faire un geste qui devrait faire retomber la contestation. Mais en faisant marche arrière, il a aussi démontré qu’il n’était plus intouchable. Ce qui pourrait faire l’affaire des islamistes.

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